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La petite reine de Bègles

Plaisir et santé, tout est bon dans le vélo : le 25 mai prochain, la ville organise une grande fête du vélo à la Plaine des Sports. Une occasion idéale pour s’informer sur la bicyclette.

Longueur : 3km ; largeur : 4km. Bègles se traverse de part en part en 15 minutes à vélo, bien plus rapide qu’en voiture. Une ville idéale pour la pratique cycliste. Les deux roues font partie intégrante de l’histoire de Bègles, à l’égal

du tram : « quand j’étais jeune, tout le monde se déplaçait à vélo. Petit à petit, la voiture l’a remplacé », se souvient Michel Dané, conseiller municipal chargé du sport et de la voirie. Le maire, Noël Mamère, circule très souvent à vélo : c’est l’incitation par l’exemple. Et la ville fait le maximum pour aménager les espaces publics, la voirie pour laisser sa juste place à la bicyclette.

Une ville bien équipée

« La typologie des rues de Bègles, très étroites, ne permet pas de créer des pistes cyclables partout », explique Clément Rossignol-Puech, vice-président de la Cub, conseiller municipal, délégué au développement

durable, à la circulation et aux déplacements. Pourtant la ville compte plus de 15 km de pistes et bandes cyclables. Toutes les voies nouvelles sont dotées de pistes et les transports doux sont pris en compte systématiquement avec des aménagements spécifiques pour favoriser la sécurité des cyclistes : tourne à droite, sas vélo aux feux tricolores. Bègles a été l’une des premières communes de la Cub à adopter le double sens cyclable : « C’est

moins dangereux pour les vélos et cela apaise la route pour tous les usagers, piétons, familles en poussettes ou personnes âgées. Parce qu’on se voit, tout le monde ralentit », observe l’élu.

La ville s’est aussi dotée de plusieurs outils pour encourager et faciliter la pratique du vélo : le marquage gratuit en mairie pour lutter contre le vol, la présence des Ambassadeurs du vélo jusqu’à fin juin, les trois stations de gonflage (en mairie, barrière de Bègles et place du 14 juillet) et les stations de Vcub. Des arceaux ont été installés un peu partout et une réflexion est menée pour créer, sur certaines stations de tram, un parking collectif sécurisé, comme

à la gare Saint Jean.

Toujours plus de vélos

« Le développement de la pratique du vélo comporte plusieurs avantages sur le plan social, économique et environnemental », précise Clément Rossignol-Puech. « En premier lieu, le vélo est le mode de transport le moins cher et le plus souple. Il faut savoir que 18% de familles bégaies ne possèdent pas de voiture. Et souvent, ce n’est pas un choix ». En effet, les premiers cyclistes sont les plus fragiles financièrement : les personnes âgées qui n’ont pas

les moyens d’entretenir une voiture ou qui n’ont pas leur permis, les jeunes, les précaires, bref, les plus vulnérables. « C’est une minorité silencieuse qu’en tant qu’élus, nous devons prendre en compte », constate Clément Rossignol-Puech. « Compte tenu de l’augmentation du carburant, tout le monde n’aura pas les moyens de prendre la voiture et les petits déplacements peuvent se faire à vélo », ajoute Michel Dané, élu à la voirie.

Effet induit, l’essor des cyclistes crée de l’emploi durable ( 4 vélocistes sur la commune) et stimule l’économie sociale et solidaire dans le cadre d’associations ou d’emploi d’insertion : « Nous avons le projet d’une maison du vélo. La création de ce lieu pourra développer de l’emploi avec notamment un volet insertion ». Se déplacer à vélo permet de lutter contre l’effet de serre. « Mais c’est aussi bon pour la santé (voir interview du Docteur Toussaint). Cela induit

moins de maladies cardiovasculaires, moins de surpoids et en termes de politique publique, cela représente des milliards d’euros d’économie », constate Clément Rossignol-Puech.

Un apprentissage à l’école

Quand on a appris à faire du vélo, ça ne se perd pas. Même plusieurs années sans pratique, on retrouve vite l’équilibre. « C’est pourquoi l’apprentissage du vélo à l’école primaire est important. Nous avons doté toutes les écoles de Bègles, et en tout, une cinquantaine de vélos sont à disposition des petits Béglais pour un apprentissage de la bicyclette assuré par un éducateur sportif », explique Michel Dané, conseiller municipal délégué à la voirie et au

sport. « Je souhaite que les enfants soient autonomes, en termes de règles de sécurité et de réparation », ajoute l’élu au sport.

Toutes ces actions ne sont qu’un début. L’arrivée du tram entraînera la création d’aménagements cyclables sécurisés et devrait changer les habitudes en profondeur, favorisant un partage pacifié de la rue.

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3 questions à Jean-François Toussaint

Directeur de l'IRMES, Institut de Recherche bioMédicale et d'Epidémiologie du Sport

Quels sont les avantages de la pratique du vélo ?

Pour résumer : plus de vie en bonne santé. La pratique du vélo, même une demi-heure par jour, constitue un vrai bénéfice, particulièrement pour ceux qui sont sédentaires. Cela développe la qualité du tissu musculaire. En pédalant,

on entraîne son coeur et ses vaisseaux à bon escient. Ce bénéfice cardiovasculaire est un gain pour tous les organes, y compris le cerveau. On a pu observer une incidence sur les maladies mentales ou certains cancers. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Nous avons constaté des écarts de vie de 2 ans après la reprise du vélo, y compris pour des sexagénaires.

Comment ces conclusions ont-elles été tirées ?

L’objet de l’étude Tapas, réalisée à Barcelone, était de comparer le développement des politiques de mobilités actives et l’impact sur les habitants. Nous avons comparé six villes européennes comme Paris, Varsovie, Barcelone ou Copenhague, et nous avons constaté ce qu’apportent les transports actifs, marche ou vélo. Utiliser le vélo de préférence à la voiture permet une économie de 1 000€ de frais sanitaires par an, contre 100€ de risques en cas d’accident de vélo.

Le vélo peut-il être un élément d’une politique publique de la santé ?

Cela doit en être un axe essentiel. L'obésité, le diabète ou les maladies cardiovasculaires sont dus à la sédentarité. Et pour les combattre, les recommandations sur l'activité physique doivent faire partie des orientations d’une bonne politique de santé publique. À Strasbourg par exemple, les collectivités ont mis en place « le vélo sur ordonnance ». Les médecins sont habilités à prescrire la pratique du vélo pour certaines pathologies et les abonnements aux vélos en libre en service sont gratuits pour ces personnes. Le printemps arrive, c’est le meilleur moment pour reprendre son vélo et prendre soin de soi.

La petite reine de Bègles
Tag(s) : #Editos - Interventions
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